Récemment inscrit dans le dictionnaire, Youtuber est un métier qui impressionne les jeunes Français. Mais, gagner sa vie grâce à Youtube demande beaucoup d’investissements personnels et financiers. Vidéos, réseaux sociaux, espace communauté sur Youtube… tout doit être géré à la perfection —  et parfois aux dépens des études ! Nous avons rencontré des Youtubers pour qu’ils nous dévoilent les secrets de leurs vidéos aux milliers de vues ! Simon, 21 ans comptabilise 660 000 abonnés sur Youtube et Antoine, 17 ans et 250 000 abonnés, nous décrivent leur quotidien dans le monde du gaming.

 

Vocation ou hasard ?

Lorsqu’il a commencé ses vidéos sur Youtube, Simon ne s’était pas imaginé en arriver là en jouant à son jeu préféré. Même s’il s’est lancé sur Youtube en 2012, sa chaîne s’est réellement développée il y a seulement 2 ans.

Après son bac ES il a effectué une année à la faculté d’économie. Il s’est redirigé vers un DUT Métiers du Multimédia et de l’internet qui l’a aidé côté graphisme et d’audiovisuel. Il a ensuite enchaîné sur une licence Information et Communication. Son BAC+3 en poche, Simon a décidé d’arrêter les études et de prendre un tout autre chemin. Il y a encore 3 ans, il ne pensait pas que cette chaîne créée il y a 8 ans, deviendrait un jour aussi populaire : “Non je ne pensais pas que ma chaine deviendrait mon métier plus tard, j’ai tout appris “sur le tas”.

Contrairement à lui, Antoine a commencé les vidéos sur Youtube il y a 17 mois. Il a été influencé par ses amis Youtubers. C’est un tout autre profil qui s’offre à nous : “Je n’ai aucun diplôme mis à part un Brevet mention bien et un bac S mention coronavirus” dit-il en rigolant.

 

Travail de titan ou à la cool ?

Être YouTuber ne signifie pas seulement publier des vidéos. Tous les professionnels dans ce domaine sont aujourd’hui très polyvalents et endossent plusieurs rôles : Actuellement j’ai délégué le travail de graphisme, mais à l’époque je faisais mes miniatures moi-même et j’aimais ça. Je monte mes vidéos avec Adobe Premiere sauf pour les vidéos FaceCam qui sont des vidéos bonus (c’est-à-dire des vidéos où l’on peut voir son visage). Je fais alors appel à un monteur privé. En ce qui concerne mes réseaux sociaux, je prends mes propres photos avec mon smartphone. Je n’ai pas encore de community manager ”, nous dit Simon.

Parce qu’on n’a rien sans rien, il faut fournir un travail proportionnel aux résultats souhaités. Pour animer sa communauté de 660 000 abonnés, Simon publie quatre à cinq vidéos par semaine : “Depuis 2 ans, je sors des vidéos le lundi, mercredi, vendredi et le samedi. Pour une vidéo basique il faut compter 2h de tournage, 1h30 de montage, 1h pour la publier. Mais il y a énormément de facteurs à prendre en compte après : mettre en place des souscriptions, publier sur ses réseaux sociaux, animer son espace communautaire, répondre aux commentaires et j’en passe…”.

Quant à Antoine, pour arriver à 250 000 abonnés en presque 2 ans, il a fallu qu’il soit à la hauteur de la concurrence. Il tourne une vidéo par jour et il est souvent mentionné sur les chaînes de ses amis, comme une sorte de coup de pouce.

Mais ce n’est pas tout, il faut être organisé et penser à chaque détail d’une vidéo. Simon témoigne : “Pour ma part j’ai des acteurs pour jouer des personnages. Parfois on est plus de huit en vocal et ça peut vite déraper. Alors, il faut savoir recadrer tout le monde. Je dois aussi penser aux scénarios de mes vidéos”. C’est un travail qui dépasse largement les 35h par semaine, puisque pendant les week-ends et le peu de vacances qu’ils prennent, les Youtubers ne cessent de consulter leurs statistiques.

 

GIF représentant l'argent

“Mais alors Léa, tu sais si ça paye bien ?”

Les revenus des YouTubers dépendent avant tout de leur popularité. Il est rare de vivre uniquement d’une ou deux vidéos par semaine. Sur la plateforme, la rémunération n’a lieu qu’avec les publicités. Lorsqu’un Youtuber commence à avoir un peu d’audience, il est contacté par des networks : “Ça fonctionne comme des maisons de disques” dit Simon. Ils se chargent de conseiller face aux nouvelles tendances, décrocher des partenariats, mettre en relation avec les annonceurs, tout cela en échange d’un pourcentage sur les revenus de la chaîne. Simon a préféré choisir cette méthode : “Même si on peut le faire directement avec Google AdSense, j’ai préféré aller chez un network ; BroadBandTV. Ce qui me permet d’avoir un manager, et pour ma part j’ai réussi à négocier un contrat à 95%”. Le network de notre Youtuber touche alors 5% de ses gains.

Quant aux pubs présentes sur la plateforme — oui celles que l’on passe dès que possible —, c’est le YouTuber en question qui décide du nombre mais aussi de leur emplacement :C’est via ces pubs que nous sommes rémunérés. Après, tout dépend des annonceurs et des mois. Par exemple en décembre, la rémunération va être plus forte car les annonceurs n’hésitent pas à casser leur portefeuille dû à la forte consommation des ménages. Mais au mois de janvier les prix baissent”.

Si Antoine commence à se faire une place dans ce monde concurrentiel, il ne sait pas s’il pourra en vivre éternellement. Si l’on regarde Simon, il a commencé à toucher un salaire au SMIC il y a 3 ans. Mais aujourd’hui, il a créé son entreprise et va investir dans un appartement à Rennes du haut de ses 21 ans.

 

GIF bob l'éponge

Le mot de la fin 

Certes c’est une activité qui peut en faire rêver plus d’un, mais elle demande énormément d’effort en contrepartie pour avoir peu de résultat. Il faut sans cesse faire appel à son imagination pour satisfaire sa communauté. De plus, c’est un métier encore peu reconnu aux yeux de certaines institutions françaises, comme les banques. D’après nos deux professionnels, les préjugés sur les YouTubers restent encore très présents dans les mentalités des Français.