J’ai acheté aujourd’hui le dernier numéro de Télérama, qui consacre sa couverture et un article de trois pages à l’e-réputation et le droit à l’oubli.
Je m’attendais à lire ce que j’ai lu, mais je pensais y trouver un dossier de fond, certainement plus nuancé.
Alors que trouve-t-on dans cet article ? On y retrouve une jeune femme, Sophie, qui fait l’objet de propos diffamant sur un blog, une grand-mère qui tombe sur des vidéos de charme qu’elle avait enregistré pendant sa jeunesse, ou encore l’histoire d’un étudiant gay qui se serait suicidé suite à la diffusion de vidéos compromettantes.
Inutile de vous dire que ce qui m’a frappé en lisant cet article est le ton univoque, dramatique et alarmant qui y est employé…
On y retrouve aussi un des cas d’école les plus souvent cités, celui de Kryptonite. Mais encore une fois ici, la journaliste reste très critique et n’en tire qu’une seule conclusion : l’entreprise victime en a eu pour ses frais (10 milllions de dollars). Quid des acheteurs lésés qui ont pu être remboursés ? Et quid aussi de l’entreprise qui a pu faire évoluer son produit ? Pas un mot.
Loin de moi l’idée de douter de la véracité de ces histoires, ou même de remettre en cause le fond de l’article : sur internet, nous sommes tous exposés, nous ne pouvons pas contrôler les contenus qui y sont diffusés, et le droit à l’oubli numérique en est encore au stade embryonnaire.
Que peut-on retenir d’un tel article ? A mon avis : « Sauve qui peut ! »
Mais je ne suis pas certaine que ce soit la bonne stratégie. Avoir conscience des risque, oui, mais pour avancer en connaissance de cause, et s’adapter.
Certaines pistes sont brièvement survolées : « Moins vous êtes présent sur la toile, plus vous dépendez de ce que les autres disent de vous » ou encore : « Une identité numérique ne s’improvise pas dans l’urgence : ça se construit ». Mais rien de plus.
Une page supplémentaire ou un encart sur les règles à respecter ou les principes de précaution aurait été utile. Car je pense que, pour les personnes qui ne connaissent pas bien les médias sociaux, cet article leur a appris peu de chose qu’ils ne savaient déjà (j’ai vu passer quelques reportages du même type), mais il va renforcer leur sentiment de peur, de danger, et certainement d’incompréhension du « web 2.0 ».
Alors que faire ? J’en ai déjà parlé sur ce blog à propos de Facebook, pour moi cela se résume en quelques mots : être acteur et non spectateur, et rester vigilant.
- Ne pas dire n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand ;
- Et assumer les propos publiés (les phrases du type « licencié à cause de Facebook » me désarçonnent toujours…)
- Se renseigner sur les outils que vous utilisez : de la même manière que vous regardez le mode d’emploi pour n’importe quel machine, renseignez-vous sur les paramètres de confidentialité !
- Soyez cohérent, ouvert, transparent dans vos propos ;
- Surveillez-vous ! Commencez par paramétrer une alerte dans Google pour garder un œil sur ce que l’on dit de vous ou de vos homonymes, et sans paranoïa.
Évidemment ces précautions ne garantissent pas que des personnes malveillantes publient des propos ou des contenus diffamants. Mais être acteur sur la toile vous permettra de mieux rebondir, de vous appuyer sur l’existant, et aussi de mieux connaître votre environnement « 2.0 ».
Pour terminer, voici une sélection d’articles pêle-même :
– Buzz et e-reputation : le grand méchant loup n’est pas celui qu’on croit,
– Mieux défendre les données personnelles des consommateurs sur le Net,
– L’e-réputation en 12 questions
– E-book Identité Numérique : enjeux et perspectives,
– Comment se défaire d’une mauvaise réputation sur les réseaux sociaux et Internet ?
– Livre Blanc du GFII : e-réputation et identité numérique des organisations.
Marie Armand a commenté :
Vous pourrez lire l'article de Télérama ici : http://www.telerama.fr/techno/marques-a-vie,61087.php
Merci @CaddeReputation pour ce lien !
anizon a commenté :
Bonjour,
Je réagis juste à votre commentaire sur l'article E-reputation. L'angle étant les "dangers pour la réputation", l'article ne pouvait pas ne pas être alarmiste. Mais je vous trouve très injuste quand vous dites que je ne retiens que le côté négatif, : l'exemple Kryptonite est justement positif et il est d'ailleurs suivi de cette phrase :
On applaudit la société numérique,
extraordinaire aiguillon démocratique" !
cordialement,
e.anizon
Marie Armand a commenté :
Bonjour,
Tout d'abord, merci pour ce commentaire !
Effectivement, l'article de Télérama se devait de pointer du doigt les problèmes qui touchent au droit à l'oubli (c'est d'ailleurs ce que j'écris dans ce billet), j'ai juste regretté que Télérama ne soit pas allé plus loin à ce sujet, et propose des pistes de réflexion et d'action à ses lecteurs. Car comme je l'écris aussi, cet article fait peur, mais n'apporte rien de constructif à la question "qu'est-ce que je peux faire pour éviter ça ?"
Concernant la phrase que vous citez, je l'avais personnellement comprise comme ironique. Car peu d'aspects positifs sont traités dans cet article.
Je pense qu'il aurait été intéressant de nuancer les propos et de sortir des sentiers battus, car pour ma part, je vois trop (à mon goût) de reportages ou d'articles qui ont cette tonalité de danger et de peur, où le lecteur/spectateur se sent impuissant et ne comprend pas très bien comment faire pour ne pas être exposé.
Ceci dit, le fond de l'article reste intéressant.
Au plaisir d'en rediscuter avec vous !
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