Il y a presque un an maintenant, j’ai ouvert cette rubrique « interview ».
L’objectif pour moi était de recueillir des témoignages de personnes qui pratiquent la veille, voire l’IE, au quotidien, qu’elles soient estampillées professionnelles en la matière, ou seulement curieuses de ces pratiques.
Mon but : montrer que la veille peut (et doit) être portée par tous, qu’elle est accessible à tous et que nous en faisons tous à notre manière, à notre niveau, avec nos compétences et les moyens mis à notre disposition.
Vous pourrez par exemple retrouver les témoignages d’institutionnels (Chambre des métiers, CCI), d’entreprises régionales (Dirickx, Socomore) ou encore d’un consultant étranger en IE et d’un responsable de pôle développement durable.
Je vous propose aujourd’hui de lire Jean-Pierre Besnard, Chef de projet à Ouest-France Multimédia, rencontré lors du dernier VeilleLab Ouest, et que je tiens à remercier pour sa participation !
Bonjour Jean-Pierre. Quel est votre rôle au sein de Ouest-France Multimédia ?
Depuis 1995, je travaille sur le web j’ai successivement occupé des missions de développement et de conduite de projet. Depuis 10 ans chez Ouest-France Multimédia, j’ai participé à la réalisation des archives en ligne du journal Ouest-France, du site infolocale.fr de saisie en ligne d’événements pour les pages locales du quotidien, et depuis 2006, il m’a été confié le déploiement national du réseau maville.com.
Quelles sont vos missions en rapport avec la veille au sein de Ouest France Multimédia ?
En ce qui me concerne la veille est un sujet à la fois professionnel et personnel. D’un point de vue personnel, il me permet de me tenir au courant des nouveautés, des tendances, des outils. Dans cette optique, je me place en tant qu’internaute, utilisateur des nouvelles technologies, des nouveaux usages. D’un point de vue professionnel, l’approche est différente. De part mon métier, initialement technique, il me permet de me tenir au courant des pratiques et évolutions techniques. Cette veille est impérative. Fréquemment, je relaie à mon équipe technique des notes, des outils, des frameworks directement utilisables dans nos développements pour augmenter la productivité, la qualité de notre production, le référencement naturel, l’innovation graphique.
Ensuite, par affinité, et parce que je suis partie prenante dans la conception de produits, ma veille se concentre sur l’innovation produit, l’innovation marketing, et sur les différents modèles de monétisation. Les produits innovants sont à la fois techniques et marketing, et mon profil permet un angle de vue complet. J’échange régulièrement avec le service marketing, et je profite de mes connaissance pour apporter ma contribution à l’élaboration de nos nouveaux produits. Maville.com étant positionné sur un domaine hyperlocal en plein développement, et communautaire, il est nécessaire de connaître les solutions émergentes pour les relier avec notre offre.
Y-a-t-il une réelle mobilisation autour de la veille au sein de votre entreprise ?
La veille est réalisée par le service marketing au travers de la veille concurrentielle, les benchmarks. Mais il n’y a pas de service dédié à proprement parler. L’exercice est à l’initiative de chacun. Et nous sommes assez nombreux à être mobilisés à titre personnel sur le sujet.
Quels sont les outils que vous utilisez au quotidien (collecte, analyse, transmission, partage d’infos en interne) ? Disposez-vous d’un budget dédié à la veille ?
Je n’ai aucun budget veille. Je tente de dégager des créneaux le plus fréquemment possible. Avec l’habitude, et une lecture rapide, l’exercice me prend de moins en moins de temps.
Mes outils sont principalement les flux rss que j’ai agrégés sur Netvibes. Organisés par onglets thématiques la lecture est très rapide malgré le nombre important de canaux enregistrés : plus de 300.
Les infos sont relayées aux différents services selon la nature de l’information. Les services les plus sollicités étant mon équipe technique, le service marketing et les journalistes.
La veille est complétée par une connexion sur Twitter. Mais Twitter demande un temps considérable et les informations sont souvent noyées dans la quantité importantes de posts quand on « follow » de nombreuses personnes. Néanmoins, Twitter constitue un bon complément dans la mesure où certains blogueurs ne diffusent pas la même information sur leur blog (rss) ou sur twitter.
Je pense que pour que la veille soit efficace elle doit s’appuyer sur des outils développés autour de twitter. Je n’en ai pour l’instant essayé aucun.
Pour finir, je vais régulièrement sur wikio, ce qui me permet d’être connecté aux blogs les plus influents.
Quelle est votre opinion sur l’offre actuelle en terme d’outils, de formations et de prestations de veille ? Quelles seraient selon vous les améliorations à apporter ? Quels sont les points faibles qui pourraient freiner les entreprises ?
La veille telle que je l’entreprends est très empirique, même si me sens de plus en plus efficace. J’ignore totalement s’il existe des cursus, des formations qui permettent de mettre en place une veille construite et méthodique.
Les outils, eux, sont pléthores, chacun doit être en mesure d’y trouver son compte.
De mon point de vue, un peu profane, hors des canaux officiels de la veille, je crois qu’il y aura à très court terme plusieurs types de veille. Veille technologique, veille produit, veille marketing, intelligence économique, e-réputation. Chacune de ces orientations aura sa propre construction sa fréquence, son outillage propre.
J’ajouterai que la veille nécessite beaucoup d’intuition et je ne suis pas sûr que l’on puisse formaliser un méthode, par trop restrictive sur le sujet.
Pour vous, la veille est-il un élément stratégique indispensable pour votre métier, et plus généralement pour votre entreprise ?
Assurément, les produits qui fonctionnent, sont ceux qui sont innovants, qui suivent les usages. Les changements s’opèrent avec une vitesse qui ne cesse d’augmenter et sur un universalité des sujets, des habitudes et seule des personnes dédiées, polyvalentes pourront stimuler, concerter, épauler les équipes stratégiques ou opérationnelles. L’expertise doit rester dans les services non portés sur la veille, mais les « veilleurs » ont ce regard, cette capacité à accompagner, éveiller, susciter les idées.
Pour information, un nouveau VeilleLab Ouest aura lieu le 9 octobre prochain à Angers. Plus d’informations ici !
Ajouter un commentaire