Adrian Alvarez est un professionnel argentin très actif dans le développement de l’intelligence économique en Amérique Latine. Il est notamment cofondateur de Midas Consulting, professeur en MBA en Argentine et au Brésil, mais aussi membre du bureau et secrétaire-trésorier de la SCIP.
Par ailleurs, il a reçu cette année le Catalyst Award de la SCIP, une récompense remise aux personnes qui ont eu un rôle important dans la promotion de l’intelligence économique et de la SCIP.
Adrian Alvarez écrit et donne régulièrement des conférences sur les thématiques de la stratégie et de l’intelligence économique en Argentine, au Brésil, au Chili, au Panama, aux Etats-Unis, en Espagne et en Italie.
Présentez-nous votre société, Midas Consulting…
Midas Consulting est une entreprise à taille humaine spécialisée dans le conseil en intelligence économique, en stratégie et en marketing dans toute l’Amérique Latine, mais aussi en Espagne et au Portugal.
Nous sommes une petite agence de conseils qui travaille avec de grandes entreprises au niveau mondial, la grande majorité d’entre elles sont des entreprises du Fortune 500.
Ces clients ont besoin d’interlocuteurs locaux qui comprennent leurs façons de penser et d’agir. Comme tous les associés de Midas Consulting ont occupé des fonctions de gérant ou de direction en Amérique Latine, nous pouvons faire le lien entre ces entreprises et leurs projets en local, mais aussi donner des recommandations concrètes puisque nous avons tous été confrontés aux problèmes qu’ils rencontreront dans cette région.
Quel est le projet le plus important que vous ayez mené à bien ?
Il est difficile de répondre à cette question, car je pense que tous les projets sont importants. Ils sont un peu comme mes enfants, j’essaye donc de leur apporter à tous la même attention.
S’il fallait en choisir un, ce serait le développement d’un de nos client dans 10 pays. Ce projet a d’autant plus d’importance qu’il nous a permis de mettre en place une méthodologie qui a profité à beaucoup d’autres clients.
Pouvez-vous nous décrire le contexte et la situation actuelle de l’IE en Amérique Latine ? Selon vous, quelles sont les évolutions à envisager ?
L’intelligence économique en Amérique Latine ne peut que progresser, pour la simple et bonne raison qu’elle n’en est qu’à ses débuts.
Cela signifie que de plus en plus d’entreprises mettent en place des départements IE, principalement parce-que les compétences se professionnalisent mais aussi parce-que les entreprises se rendent compte que l’IE se nourrit d’initiatives et d’efforts individuels (à l’exception du Brésil).
Je pense que les entreprises qui ont déjà un département IE y prennent goût, et qu’elles commenceront à appliquer des techniques de plus en plus avancées, comme les wargames ou la mise en place de cellules de veille proactives.
Le Brésil est un cas à part car ce pays se situe à un niveau de développement intermédiaire, et qu’il prend progressivement son envol.
Le nombre d’entreprises ayant un département IE est important. Ces départements se sont appropriés les techniques de bases, et sont en train de les dépasser.
Je crois que le nombre de conférences organisées sur ces thématiques n’ont plus seulement lieu dans les capitales économiques du pays (comme Sao Paulo ou Rio de Janeiro), mais aussi dans d’autres villes importantes comme Bello Horizonte (dans le Minas Gerais), ce qui est un élément révélateur d’une mobilisation et d’un niveau de développement plus avancé et fédérateur.
Quelles sont les attentes des entreprises latinoaméricaines ? Que pensez-vous de l’offre des professionnels dans ce domaine ?
C’est une question complexe car il faut différencier :
– La majorité des entreprises qui n’ont pas d’attentes dans ces domaines, n’ayant pas connaissance de l’existence de l’IE ;
– Les entreprises qui connaissent l’intelligence économique et qui s’impliquent ou se sont impliquées dans ce domaine.
Il y a à nouveau deux cas de figure :
a) Si le département IE n’apporte pas de valeur ajoutée à la gestion de l’entreprise, celui-ci va en général disparaitre, et ces entreprises n’auront plus d’attentes particulières en termes d’IE ;
b) Dans le cas où le département IE apporte de la valeur ajoutée : celui-ci aura davantage de moyens et aura un meilleur positionnement général, même s’il devra continuer à faire ses preuves et à répondre à des attentes de plus en plus importantes.
Et ceci partant du principe que la crise (sauf dans le cas du Mexique) a été moins importante en Amérique Latine que dans le reste de monde.
On peut dire que les attentes concernent ;
- l’amélioration des échanges en interne (pour que le reste de l’entreprise collabore avec le département IE),
- le développement de la veille proactive pour mieux détecter les opportunités et diminuer les menaces,
- l’utilisation de techniques de plus en plus avancées, comme les wargames.
Il convient de souligner qu’une poignée de petites entreprises essayent elles aussi de développer des département IE.
Concernant l’offre de services, celle-ci est limitée : il n’y a presque pas d’agence de conseils dans ce domaine, et parmi celles-ci certaines ont peu d’expérience car, soit elles ont été créés par des universitaires qui manquent de pratique sur le terrain, soit par des personnes spécialisées dans d’autres domaines et qui se tournent vers l’IE par nécessité.
Cela va sans dire que les entreprises qui proposent ce type de service à l’international se comptent sur les doigts de la main.
Selon vous, quels sont les outils et les compétences qui font la différence ?
Pour ce qui est des compétences, je pense qu’avoir un esprit d’analyse et proactif sont des qualités indispensables. En ce qui nous concerne, nous demandons aussi que les futurs membres de Midas Consulting aient de grandes qualités relationnelles, car les marchés en Amérique Latine sont en général assez fermés. Il faut donc aller chercher les informations, notamment via des techniques d’investigation.
Quant aux outils, je crois qu’il faut en connaitre et en avoir testé un nombre important pour pouvoir comparer leurs applications, leurs forces et leurs faiblesses, mais aussi bien entendu pour ne pas faire de mauvais choix.
Mes techniques favorites sont : la mise en concurrence d’hypothèses, les scénarios, les facteurs clés de succès, les 5 forces et l’analyse VRIO.
Il en existe bien d’autres, certaines sont très populaires mais sont bien souvent mal appliquées, comme par exemple la matrice de BCG, le SWOT ou le PEST.
Cette interview a été traduite de l’espagnol, pour ceux qui voudraient lire l’original, n’hésitez pas à me le faire savoir en laissant un commentaire !
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