En lisant aujourd’hui Le Figaro, j’ai été intéressée par l’interview de Misha Defonseca, auteur de « Survivre avec loups », qui avoue avoir menti sur l’histoire de sa vie. Au-delà du mensonge énorme qu’elle (se) raconte dans son livre (publié en 1997), je suis très étonnée que personne n’ait pensé à vérifier les dires de cette personne. Ni la maison d’édition, ni la réalisatrice du film sorti dans nos salles en début d’année, ni les journalistes n’ont pensé à vérifier le récit « incroyable mais vrai », raconté par Monique Dewael de son vrai nom.
En quelques mots, le livre et le film (que je n’ai pas lu ou vu) racontent l’histoire d’une petite fille juive qui, traversant l’Europe à pieds pour retrouver ses parents déportés, se perd et est adopté par deux fois par des loups.
En vérité, ou plutôt d’après ce qu’on peut lire aujourd’hui, Monique Dewael n’est pas juive mais fille de résistants pendant la seconde guerre mondiale. Traitée de « fille de traître » pendant son enfance, parce que son père aurait divulgué des informations sous la torture, Monique Dewael s’est inventée une nouvelle vie.
Récemment remise en cause par Jane Daniel, éditrice de « Survivre avec les loups » (et qui a pleinement profité de ce succès), les déclarations de cette dernière ont fait boule de neige et ont poussé l’auteur du roman à avouer ses mensonges.
Encore une fois, au-delà de la véracité ou non de ces écrits, il est frappant de voir qu’une info X donnée par Y va être largement diffusée par une multitude de médias, sans qu’on s’interroge sur ses fondements. On l’a vu plusieurs fois d’ailleurs, l’affaire du RER D est un autre exemple qui me vient à l’esprit.
C’est donc une piqûre de rappel : à notre petite échelle de veilleur, croisons les sources! vérifions autant que faire se peut!
Lu dans : «Survivre avec les loups» : une pure invention et «Survivre avec les loups» : la supercherie dans le Figaro du 29 février 2008.
En complément : le blog de Jane Daniel
Mael a commenté :
- pour la maison d'édition : l'auteur affirme avoir été poussée par la maison d'édition à publier son récit. A mon avis, l'aspect pécuniaire de l'affaire n'est pas sans incidence...
- pour la réalisatrice (et ses financeurs) : ce n'est qu'une adaptation qui risquait (et donc qui a) de marcher !
Bref, à leur niveau, la véracité est plus un argument marketing très juteux qu'autre chose.
Mael
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