Ces derniers temps, nous voyons proliférer un discours dénonçant l’angoisse du Community Manager face à l’internaute qui veut tout, tout de suite, vampirisant nos vies et nous condamnant à ne plus jamais déconnecter. Mais dans la vraie vie, ça se passe vraiment comme ça ?
Pas de doute, vous nous voyez venir avec nos gros sabots, nos petites pincettes, et notre envie de décortiquer ce discours qui s’infiltre dans la croyance populaire. Mais où est né ce mythe qui voudrait nous faire croire qu’il est toujours l’heure d’être actif ?
‘Oh dear ! Oh dear ! I shall be late!’
Au commencement était l’infographie. « Why The smartest brands race to respond to consumers on social media? ». On y lit (entre autres) que 83 % des utilisateurs de Facebook attendent une réponse dans la journée lorsqu’ils alpaguent une marque. 71 % pour Twitter. Histoire de creuser un peu, cette infographie pointe qu’en moyenne 42 % des utilisateurs de Facebook attendent une réponse dans l’heure, et 32 % des utilisateurs Twitter dans les 30 minutes.
De là s’en suivent des tutoriels et des « 10 trucs indispensables à savoir quand on travaille dans les internets » (sic) faisant des raccourcis vers le Community Manager hanté par l’hyperconnectivité, le besoin d’être toujours en état de veille, au taquet sur la première notification, à toute heure du jour et de la nuit, pour pouvoir répondre aux utilisateurs qui veulent tout, tout de suite.
Mais avant de se jeter dans le rabbit-hole la tête la première, rappelons-nous d’abord qu’il est facile de faire tout dire à des chiffres. Et rien en même temps. Dans la mesure où un utilisateur peut poster sur un réseau à toute heure du jour et de la nuit, s’attend-il vraiment à une réponse dans l’heure s’il publie un message sur la page Facebook d’un petit commerçant un lundi soir à 22.00 ?
Ne pas prendre en compte l’heure d’interaction biaise la question. Au risque d’effrayer les Community Managers en devenir en leur faisant croire qu’ils devront répondre aux messages à n’importe quelle heure, sous peine de perdre des clients. Et au fond, spoiler #1 : en 2015 l’utilisateur sait très bien que derrière une page se cache un humain qui, comme lui, a des heures de travail ainsi qu’une vie privée.
‘I know something interesting is sure to happen, whenever I eat or drink anything…’
Résumons donc : un client qui voit une page Twitter, Facebook ou Google+ régulièrement nourrie s’attend à une réponse dans les 24 h, en jour de semaine. Ce qui devrait coïncider avec les heures de bureau du CM. Jusqu’ici, tout va bien.
Pour ceux qui attendent une réponse dans les 60 minutes, nous mettrions notre main à couper qu’ils connaissent le concept « d’heure ouvrée », et qu’ils ne sont pas si accros au point d’attendre une réponse à 23.55. Ils accepteront probablement une réponse le lendemain.
Soufflons un instant : le Community Manager peut prendre son repas, aller en soirée, boire un verre avec ses amis, s’endormir sans l’angoisse d’avoir à vérifier ses notifications professionnelles. Et c’est bien, dormir.
‘It’s always six o’clock now’
En ouvrant les « Recettes miraculeuses découvertes aux États-Unis d’Amérique pour dominer les Internets », vous découvrez le monde incroyable des meilleures heures pour poster sur les différents réseaux. Mais là, ô drame, certaines ne coïncident pas avec vos heures de bureau. Les Community Managers finiraient-ils toujours par travailler de chez eux ?
Attention, spoiler #2 : il est possible de programmer la publication sur les réseaux sociaux ! Et oui, aussi incroyable que cela puisse paraitre, un post qui apparait dans votre Timeline le dimanche à 15.34 a sûrement été écrit le vendredi à 10.45. Celui de 18.30 probablement quatre à neuf heures avant.
Si vous angoissez à l’idée qu’un utilisateur réponde au moment où vous ne pouvez pas lui répondre, reportez-vous au paragraphe précédent. C’est plus fort que vous ? Premier life hack de ce billet : pensez à indiquer dans votre bio les heures où vous pouvez répondre. À Rennes, la Star l’a fait. Et ça marche.
Nous voici soulagés, nous n’avons plus besoin d’angoisser dans le métro en attendant de pouvoir publier en rentrant chez nous. Et profitons de nos dimanches après-midi pour aller faire un footing. C’est bien le footing.
‘I’ve read that in some book, but I don’t remember where…’
Oui, mais bon… Et si on manquait quelque chose ? Internet « c’est tout le temps ou rien » disait l’autre. Rassurez-vous, quoi qu’il arrive, si l’information de la dernière robe de Kim Kardashian est en ligne le mercredi à 21.00, elle y sera toujours le lendemain à 09.00. Si vous voulez être sûr de ne rien rater, life hack #2 : pour une bonne hygiène de vie, calez-vous — au minimum chaque matin — un créneau de veille, pour rattraper tout ce que vous auriez pu manquer.
Grâce à cette merveilleuse organisation, vous récupérerez toutes les infos nécessaires en arrivant le matin au travail, que vous pourrez relayer sur votre/vos page(s). Et, à moins que vous ne soyez le roi de l’actu, les lecteurs comprendront qu’elles soient publiées avec un peu de « délais ».
Au fond, tout est une question de tempo. Dieu merci, nos métiers ne sont pas encore vampirisés par les machines, et derrière les publications sur les réseaux se cachent des petits mécanos, les mains dans le cambouis. Et les utilisateurs le savent.
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