« 80 photos de chats trop mignons », « Les 864 outils indispensables au Community Manager », « Les 30876 meilleures pizzas de tous les temps, la 29452 est incroyable ». Des titres comme ceux-là inondent nos fils d’actualités, accompagnés de leurs lots d’interactions. Plus nous en voyons, plus nous interagissons, plus nous serions tentés d’en créer. Bonne ou mauvaise idée ?


Le comble du noeud de cerveau arrive ces jours où l’on vous donne 7 raisons de poster des articles en forme de liste ou les dix trucs pour rédiger une bonne liste, voir quand Wikipédia nous propose une liste de listes (ouch). Chaque jour, en tant que créateurs de contenu, nous prenons soin de bichonner la forme de nos textes. À voir ces listes fleurir un peu partout, nous sommes parfois tentés de plonger dans le grand bain des « listicles », ce néologisme contractant « liste » et « article ».
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X raisons pour lesquelles nous aimons les listes

La grande paroisse du dénombrement ne date pas du web. Liste de course, bonnes résolutions, verbes irréguliers, recettes de cuisine, calcul de pour et contre… L’inventaire est infini.
Et à juste titre : la liste reste le format mnémotechnique le plus simple, l’organisation la plus claire de l’information — nous pouvons toujours la compléter, elle est polymorphe, bref, elle est pleine de qualité et de clarté, se lit et se retient vite. Face au flot d’information (dont on vous en parle assez souvent), l’écriture en liste serait-elle salvatrice ?

Annuaire des mauvaises pratiques

Nombreux sont les sites à avoir fait leur succès sur le « listicle » : de Buzzfeed à Minutebuzz en passant par Démotivateur, (presque) partout vous trouverez 10 bonnes raisons de faire quelque chose, 20 choses à faire avant de retourner travailler et 30 bonnes raisons de cliquer sur ce lien.
Nathan Holic, dans sa « Lettre ouverte aux articles en liste », déplore cette omniprésence des énumérations. Non pas sur la forme, mais bien sur le fond : parce que les listicles « s’en fichent d’être utile », parce que « leur vrai but est la perte de temps » et parce que « ces articles nous apprennent à être moins demandeur de qualité ». Et difficile de dire le contraire : la plupart de ces articles, qui se voudraient informatifs, ne font que nous cataloguer des banalitéssans réelle surprise, sans qualité informative, sans autre but que d’attirer le clic. Ne soyons pas dupes, en cliquant sur ces « dix habitudes alimentaires qui sont mauvaises pour la santé », vous n’êtes pas vraiment surpris de trouver « Avaler 1 kilo de sucre chaque jour » en position 1.
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Vous ne croirez jamais cette chose inimaginable que font certains

Le public peut être dupe, le grand manitou ne l’est pas pour autant. Face à cette prolifération du clickbait (appât à clics, pour ceux d’entre vous qui ne maitriseraient pas encore la langue de Shakespeare), Facebook ajuste ses algorithmes. Parce qu’au fond, ces « 10 raisons incroyables de manger de la glace à la vanille et vous n’allez pas en croire vos yeux », il faut le reconnaître, ne sont peut-être pas du contenu très pertinent à afficher.
Alors l’algorithme calcule tout, donnant des notes aux liens en calculant (en autres) le temps que vous passez sur un lien externe après avoir quitté Facebook, avant de revenir dans les méandres du réseau social. Plus ce temps est long, plus vous passez de temps à lire, et plus votre intérêt serait grand pour le contenu en question.
Ce qui permettrait au géant de Zuckerberg de détecter ces articles sans intérêt autre que de vous amener à afficher de la pub, et ainsi d’ajuster le contenu de votre Timeline pour une expérience des plus pertinentes. D’autres diraient que Facebook n’aime pas que l’on affiche de la publicité ailleurs que chez lui, mais laissons parler les mauvaises langues.

Le listicle : des pour, des contre

Alors, bon ou mauvais ? Nous pourrions vous donner des centaines de raisons d’être contre. Et des centaines de raisons d’être pour. Bien. Nous n’avons pas répondu à la question nous dites-vous ? En effet, mais peut-être que le débat est ailleurs. (Spoiler alert : oui, il l’est)
La pratique traverse les âges, les premières traces d’écritures étaient des décomptes de bétail ou d’engagements commerciaux et il y a tout à parier que le dernier homme sur terre comptera les jours. L’histoire est pleine de listes, et leur pertinence n’est plus à mettre en doute. Et c’est peut-être ça, le détail important : la question de la forme est secondaire, et ne doit pas prend le pas sur celle du fond. Faites des listes, si cela colle. N’en faites pas si vous n’avez rien à dire. Car au final, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait le bon texte.